lundi 16 février 2009

Joy Division - Grant Gee



Mieux que de voir un groupe en concert, je crois que le plus intéréssant c'est de le voir au cinéma. Control m'avait totalement convaincue de l'importance d'un groupe comme Joy Division. Je n'ai pourtant jamais trop aimé Joy Division et j'en souffrais : trop sombre, trop masculin pas assez d'espoir juvénile comme on peut en trouver chez New Order. Closer était d'une tristesse telle qu'elle ne me parlait pas du tout. Par contre, jouée en live, même par un mannequin qui fait maintenant des pubs pour Burberry, il me semblait que la musique retrouvait son contexte d'origine, le seul contexte digne d'elle. Le cinéma qui filme un concert : la caméra guider ton regard : gros plan sur le visage du chanteur, gros plan sur les doigts du guitariste, bien calé dans ton fauteuil, elle t'offre le meilleur d'une prestation, ne conserve que le sensationnel et en décolle l'inutile.. Le rock a inventé ce qu'on appelle l'attitude, ce qu'aujourd'hui reprend la pub. Pub Ray-Ban.
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L'histoire du groupe est en soi peu intéréssante. La chose est facile à constater : si Ian Curtis ne se serait pas suicidé il n'y aurait eu ni de Control ni de Joy Division le documentaire, et encore moins de New Order. Le début du documentaire se passe plutôt bien malgré cette sale manie d'essayer de lire à la lumière de son suicide tout les faits et gestes de Ian Curtis, comme si son suicide précédait son oeuvre, pour paraphraser Cioran.
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Si le New York Times parle du "documentaire le plus élégant", ou quelque chose de la sorte c'est parce que Joy Division est le groupe le plus élégant du monde, du Hedi Slimane, bien avant l'heure, bien intentionné et très bon marché. Ian Curtis et ses chemises bien fermées, bien rentrées dans son pantalon, son corps qu'on imagine blanc et dur et sec. Quelque chose se fait sans qu'ils s'en aperçoivent, une musique et un style s'imposent en toute innocence. Ils le disent eux-mêmes "on ne savait pas du tout ce qu'on faisait, peut-être que Ian le savait, on ne le saura jamais". Les choses les plus marquantes se font toujours de cette manière-là, de manière innocente.

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La fin du documentaire consiste en plusieurs vues du Manchester actuel, presque un film promotionnel. Une ville qui semble avoir perdu encore plus de ses charmes quand elle n'est pas filmée par une caméra des années 70 : l'image doucement grésillante qui donne un charme à n'importe quelle ville de briques et d'ouvriers.
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La pochette de Closer s'est choisie un peu au hasard : Peter Saville ouvre un beau livre d'art, le groupe choisit une image, cela rend la pochette encore plus médiocre qu'elle ne l'était.
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Avec Joy Division on entre dans l'ère des groupes où l'image précède la musique. D'abord malgré eux puis peu à peu cet ordre des choses devient comme un parti pris. Pour certains, être dans un groupe suffirait, peu importe s'il produit de la musique ou non.

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Le type a raison, Love will tear us apart est une des plus belles chansons du 20ème siècle.
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Des choses intéréssantes sont dites sur le nom du groupe. Un mec raconte que Joy division résume tout du groupe, révèle son identité, sa musique, son état d'esprit, à la manière de "Roxy Music". L'importance du choix d'un nom de groupe.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Que penses-tu de Roxy Music ?

Murielle Joudet a dit…

fût une époque où je détestais mais en fait j'aime beaucoup l'album Avalon (le seul en ma possession),plus particulièrement Avalon et More than this qui est un sommet de kikoololitude. A chialer.

Anonyme a dit…

Je te conseille l'album For Your Pleasure.

Les Occupés sont