vendredi 18 avril 2008

the winning days are gone



Si la période de mes 12-14 ans devait se résumer à une musique, à un album, à un groupe et à des clips elle prendrait vite la forme d'un V suivi d'un I d'un N d'un E et d'un S.
C'est très par hasard qu'à l'époque de mes 12 ans je découvre le groupe de Craig Nicholls, je m'en souviens comme d'un premier rendez-vous galant : on était au restaurant avec des amis, à la télé MTV, à la télé le clip de "Ride" des Vines, je fais mine de ne m'y intérésser qu'à moitié et pourtant c'est la première fois de ma vie que je ressens la classe d'un groupe me gicler violemment à la gueule, c'était souvent la même impression, on écoute une chanson rock et on se dit que toute cette musique s'y trouve résumée dedans, un peu comme le courrier des lecteurs zelés de Rock&Folk qui tente de la définir un peu bêtement en commençant leur phrase par "Le rock en 2008 c'est..."
Moi je sais juste que le rock en 2005 c'était The Vines et rien d'autres, c'était une époque où mon rapport à la musique était obsessionnel, j'aimais un groupe, je n'aimais que lui, les autres pouvaient bien aller se faire foutre, l'éclectisme et la culture avec.

Le groupe m'initie malgré lui à une sorte de parcours musical initiatique, dans un premier temps c'est comme ça que je découvre, à 12 ans, toute seule, ma première petite grande salle parisienne : l'Elysée-Montmartre, j'apprends des mots "pogo", "slam", je vois de près pour certainement la première fois de ma vie une guitare électrique (que j'arrive enfin à distinguer d'une basse) et même une batterie, j'achète mon premier t-shirt de concert, bien coupé en plus, qui me vaudra d'être remarquée par un paquet de 3ème de l'époque et surtout : un mec en débardeur rouge qui par sa beauté, ses cheveux longs, sa transpiration, son talent, son inaccessibilité me fait souffrir, on pourrait appeler ça "le complexe de la fosse", cet anonymat qui fait mal, l'adoration frustrée, l'impossibilité de glisser à l'oreille du chanteur le nombre considérable de fois qu'on a écouté ses albums, je l'ai ressenti jusqu'à très récemment durant tous les concerts auxquels j'assistais, maintenant ça s'est calmé, ça a même disparu.
Deuxièmement, avec les Vines je découvre le magazine Rock&Folk, une nana sur un t'chat m'avait dit que le groupe y faisait la couverture, je dis à ma mère de m'acheter le numéro et je me retrouve avec les Pixies au lieu des Vines, je lis quand même la revue et finis par la troquer par mon habituel Rock Mag.
Mais avant d'être une initiation aux endroits où se passe la musique, petite salle comme magazine, The Vines c'est aussi 3 albums, un premier album éponyme et parfait acheté 18€ avant le deuxième qu'un garçon de ma classe m'avait offert pour mes 13 ans et qui possède le livret de paroles le plus chiffonné de toute l'histoire de mes CD. Leurs chansons peuvent se diviser en deux parties qui se valent : les chansons très émouvantes où Craig Nicholls oublie de crier et se réconcilie avec la vie et les autres, celles où ils roulent des yeux et où on arrive même plus à compter les figurants dans les clips.

Je peux dater la fin de ma relation avec le groupe le jour où un grand ami de l'époque me dit sur MSN qu'il vient de consulter leur site officiel où l'on apprenait que Craig Nicholls était atteint d'épilepsie et qu'il n'y aurait donc pas d'album avant longtemps, avec cette nouvelle un peu triste je découvre dans la rubrique "videos" le clip bouleversant "Winning Days" réalisé par Michel Gondry où l'on retrouve le groupe reposé et jouant dans la nature, ensuite j'étais déjà passée à autre chose pour consacrer 15€ à un Craig Nicholls jouflu et que j'imaginais médiocre, qui passait d'une pochette multicolore et enchanteresse, à un fond noir et paresseux. C'était les Vines.


le clip parfait en attendant les mp3

2 commentaires:

Azo a dit…

Un chanteur pseudo-attardé, les lauriers de la presse "rock" française, un ego nourri par un succès (in)considéré. "Ah les Vines, ceux qui ont fait la musique pour l'ipod?". Mouais! dommage pour ces pauvres garçons, ils avaient quand mêmes certaines chansons qui sortaient du lot.

Anonyme a dit…

bonjour murielle !

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