vendredi 14 mars 2008

Passer l'hiver - Olivier Adam




j'ai toujours été surprise par l'extrême fluidité et rapidité avec lesquelles on lit des livres de jeunes auteurs. Entre deux pavés très sérieux écrits à la plume c'est toujours extrêmement plaisant de lire un tas de feuilles rédigé sur le Mac d'un jeune trentenaire qui mine de rien a des choses à dire. C'est comme ça qu'un Bgbd se lit le temps de deux pauses pipi, un Nicolas Rey en 5 stations de métro et un Olivier Adam le temps d'attendre mon train à la Gare Saint Lazare avec les gens pressés qui me frôlent par provocation.
Olivier Adam, c'est le ptit mec ami des lycéens, le même mec qui a écrit "je vais bien ne t'en fais pas" que je n'ai ni vu ni lu et qui ne m'attire pas plus que ça, peut-être parce que le livre est victime de l'affiche du film en couverture (souvenez-vous on en avait déjà parler ici) et que si on veut l'acheter on est obligé de se taper la tête de la douce et un peu trop belle Mélanie Laurent qui est d'ailleurs maxiénervante dans le dernier Klapisch (lui aussi maxiénervant) ou alors de la BO du film avec cette saloperie de chanson U-turn du groupe Aaron (prononcé "A-rond" si vous n'aimez pas). Mais je veux dire que même si mes jugements sont souvent définitifs et un peu sévères concernant les écrivains et leurs bébés, j'ai quand même acheté "Passer l'hiver" parce que bon, j'avais besoin de modernité et aussi de retrouver cette lointaine époque de mes 13 ans où je lisais Nicolas Pages, Alexandre Lacroix et Martin Page et dont il ne me reste pas le moindre souvenir sinon la preuve matérielle que je les ai lus.

"Passer l'hiver" c'est donc 167 pages de nouvelles en gros caractère, bien foutues, bien écrites, presque sans style et où toute la beauté réside dans les images simples et délicieuses qu'Olivier Adam provoque dans nos têtes, des phrases-mouvement, un peu triste, proches de "Fragments de la vie des gens" de Régis Jauffret que je viens de recommencer et de finir, sans le côté "au fond du gouffre" complètement déprimant de ce dernier taré lucide.
Olivier ce serait plutôt "au bord du gouffre" si vous voulez.


Ci-dessous un extrait qui vaut son pesant de chips au bacon :

Quand je suis rentré, les filles n'étaient pas encore habillées, leur mère était au boulot, elles m'ont sauté dessus, se sont accrochées à mon cou, je les ai envoyées dans leur chambre, leur ai dit de se préparer, elles ont monté les escaliers à quatre pattes en poussant des cris idiots. Je suis allé dans la cuisine, j'ai mis des frites au four, fait griller des steaks avec des ognions, coupé les tomates, le fromage, aspergé le tout de ketchup. J'ai collé tout ça entre deux pains, sorti une grande bouteille de Coca . Elles ont déboulé dans la cuisine, ont hurlé de joie en contemplant leurs assiettes.
Une chose était sûre, côté hamburgers j'assurais."

en vert le truc parfait, en rouge le truc en trop


Un jour il faudra qu'on parle de l'importance de la bouffe en littérature.


Passer l'hiver d'Olivier Adam sorti chez Points, 167 pages - 5,50€

3 commentaires:

gabriel a dit…

dans le passage en question, on ne sait pas s'il s'agit de petites filles, ou de jeunes filles. sans doute de petites filles bien sur. c'est amusant.
je suis tout à fait d'accord avec toi pour tes phrases colorées.

effrontée a dit…

moi je suis pas du tout d'accord avec les phrases colorées
tout est sans intérêt, donc à mettre en rouge
la dernière phrase est à mettre en vert (très clair parce que quand même "parfait" c'est un peu grand) parce que c'est la seule qui a un minimum d'intérêt, càd : un peu d'humour
non vraiment
c'est de là que vient la propagande miocharde pleurnicharde et l'envie irrépressible d'avoir une maison un chien et une femme
quelle puanteur je meurs

Murielle Joudet a dit…

en fait cet extrait est pas du tout représentatif de l'écriture d'Olivier Adam, la bouteille de Coca au milieu de la table c'est juste ce qu'on peut appeler un "en plein dans le mile" parce que c'est la vision et le goût même des samedis de mon enfance, du déjeuner après le Hit Machine, rien que pour ça Olivier mérite d'être un bon écrivain. la phrase en rouge est la seule qui cloche de tout le livre. les autres nouvelles (inégales forcément) sont toujours parfumées de résignation et de petits drames calmes et quotidiens.

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