samedi 15 novembre 2008

toutes les familles sont psychotiques




La grande soeur passe ses journées dans le jardin à écouter du métal en maillot de bain et en grosses bottes, on dirait Lara Croft, elle a toujours les cheveux humides, elle prend sa douche avec son petit frère avec ce manque de pudeur entre eux qui caractérise les familles plus liées que la nôtre, j'ai rarement vu une actrice aussi belle.
La petite soeur complexée avec des pulls drôlement trop petits pour elles et aux motifs d'un autre monde, surdouée, sosie féminin de l'ado dans Little Miss Sunshine,
La mère qui même si elle habite au centre de nulle part trouve à s'habiller comme sur les podiums, ses chemises de nuit, ses boucles miel plantées sur la tête, son souvenir me laisse un goût sucré en bouche.
Le petit garçon, noyau de la famille et qui me rappelle Emile à ses heures les plus intrépides,
Le père, épais, barraqué, classe, travailleur, protecteur, l'attitude rock'n'roll comme on peut l'envisager en 2008.

Première partie : le film se passe au milieu de nulle part, deuxième partie : il suffit de rouvrir une route pour qu'on localise la famille et qu'elle perde sa liberté, ses privilèges, son autarcie, ce n'est plus qu'une maison qui défile devant les yeux du conducteur, dézoomage, on est regardé de l'extérieur, on est vu comme pas à notre place là où on s'est toujours senti à notre place, mais il est hors de question de partir quand "on est bien ici". D'abord rapproché les objets du jardin près de la maison, et puis ne pas faire jouer le petit trop loin, et insensiblement finir par se claquemurer dans la maison.
La mère pète un cable à cause du bruit et les deux gosses coincés de l'autre côté de l'autoroute flippent pour leur santé en mordant dans des pains au lait préalablement défoncés par les voitures, la plus grande se fait klaxonnée par les camionneurs, le père se tient là, robuste, il rythme les journées, permet à la famille de ne pas trop se perdre dans son isolement, il lui ramène des nouvelles du monde sous forme de cartons remplis de provisions, des denrées qui viennent de chez les hommes. Il y a quand même la radio qui tisse un dernier fil entre la famille et le monde, la télé, parfois, dont on ne retient que sa lumière bleue sur les visages de la famille, c'est d'abord ça la télé.
Pour le spectateur les échelles de valeurs s'inversent : le bien-être de la famille importe plus que l'intérêt général. Entre l'autoroute et les scènes familiales il faudra choisir.
Les grandes forces du film : le charisme américain des acteurs, les scènes de salle de bain, le spectateur qui passe du bien-être Candia à la folie douce. Quelque chose comme le meilleur film français que j'ai pu voir depuis le début de l'année.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

la description ressemble a little miss sunshine, un peu dans le genre de ces films américains décallés aux personnages bizarres mais tellement attachants. je me goure?

en tout cas je file le voir des que possible
merci murielle :)

Murielle Joudet a dit…

la comparaison avec little miss sunshine était trop tentante, mais tu verras, là où foire LMS dans l'excès de douce bizzarerie, Home cartonne avec l'élégance de la retenue, puis de la part d'un film français ça aurait été difficilement crédible le côté "personnages bizzares mais tellement attachants". Là encore, tout est dans la touche française.

tu me diras ce que t'en penses.

Anonyme a dit…

Ca y est, je l'ai vu. Tres bien, vraiment. Au debut c'est vrai on a envie de croire aux personnages simplement delirants et cools, mais en fait c'est mieux que ca, ya une vraie profondeur dans le truc. French touch, ouais.

Bref la critique cine des occupes gagne en credibilite (FUCK YEAH CA RIME)

Les Occupés sont