mardi 2 février 2010

Mother - Bong Joon-Ho


Il y a d'abord l'idée qu'une femme qui devient mère n'est plus jamais que ça, celle-ci n'est d'ailleurs jamais vu sous aucun autre angle que sous celui de la mère de. même pour les policiers, et c'est ce statut qui détermine toutes ses actions. Il y a une sorte de virilité un peu dangereuse qui se dégage de l'amour de cette mère pour son fils et à aucun moment, peut-être parce que nous en faisons quotidiennement l'expérience, nous ne doutons de sa force morale, de sa détermination, de son entêtement pour tout ce qui a trait à son fils.
Lui, c'est un incapable qui frôle l'autisme, rejeté par tous et intégré à aucune forme de jeu social, seul sa mère l'accepte tel qu'il est comme seule une mère sait le faire : sans conditions et à perpétuité; redoublant d'amour à chaque signe de faiblesse. C'est un lien indéfectible, peut-être le seul qu'il reste et le seul dont on ne redoute pas qu'il disparaisse. Après il faut en tester la résistance, c'est ce que le film tente de montrer.
Les obstacles s'enchaînent : l'injustice, la vérité, la justice, et c'est sa morale de conviction qui non sans efforts finit de l'emporter. Si ses règles du jeu sont admises c'est parce qu'il n'y en a pas d'autres et qu'elle est la seule à agir avec conviction et détermination au sein d'une société apathique, et qu'il est toujours possible d'appliquer ses règles lorsque tout le monde dort.

Dans un même mouvement elle conçoit sans détours et très lucidement qu'elle n'a que lui et qu'il n'a que elle, sans jamais essayer de savoir si son fils en est conscient, il éprouve à son égard un amour inconscient, l'amour routinier, devenue évidence et qui s'oublie en tant qu'amour, celui qui lie les membres d'une famille entre eux, et qui n'a plus besoin de preuve sinon celle d'accepter d'être choyé par la mère.
Ce qui surprend c'est ce moment où l'on devine qu'elle poursuit même à tort le vrai motif de ses actions; sortir son fils de là. C'est l'idée de la mère poussée dans ses retranchements : vous la disiez dévouée, et bien voyons jusqu'où peut bien aller son dévouement. Il n'y a à aucun moment un dilemme entre le choix de la justice (qui au début coïncide avec sa propre justice) et celui de sa justice, seulement un entêtement hystérique pour celle-ci.

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