Je viens d'assister à un très grand moment de télévision. Ce genre de moment où seules les personnes bien informées sont invitées : celles qui lisent entre les lignes du programme télé pour trouver les pépites du PAF.
Ce soir on a eu droit à 23 heures à un film sublime sur Canal Jimmy (chaîne improbable pour un tel programme) avec Frédéric Beigbeder partant à la recherche de JD Salinger, le meilleur écrivain de tout l'espace intersidéral. Celui qui m'a tiré les larmes des yeux au milieu de la cours de récré de 3eme. Celui qui a aussi les pires couvertures de livres de toute la terre (quand même après celles de Marc levy avec sa bande bordeaux qui sert à le reconnaître depuis le rayon rock indé de la Fnac).
Tout ce que fait Bgbd m'intéresse et m'attire excepté ses livres. Je trouve ce mec bourré d'idées et extrêmement vif d'esprit et quand j'ai lu dans les pages Médias de Technikart qu'il avait réalisé un film sur ce projet qu'on a tous eu envie de concrétiser après avoir lu L'attrape-Coeur, j'ai sorti mon agenda Oxford et programmé le rendez-vous pour 23h sur Canal Jimmy.
Tout commence dans l'appartement chic, sobre et spacieux de Bgbd. Il se réveille, foudroyé par une révélation : Salinger va mourir et il ne l'aura jamais vu.
dire que sans lui il n'aurait même pas écrit une ligne.
il décide de partir à sa recherche mais d'abord, pour meubler un peu, s'ensuit une suite d'interviews d'écrivains français comme américains qui narrent l'influence de Salinger sur leur écriture. Tout le monde y va de son commentaire "Non Frédéric tu ne devrais pas y aller", "vas-y fonce" mais Bgbd est là, obstiné, dans les rues de New York, habillé comme Christian Troy dans Nip Tuck, il est devenu snob mais son coeur n'a pas bougé. The catcher in the rye entre les mains, il visite les endroits clé du livre en donnant l'impression de le connaître sur le bout des doigts, à la façon de mon petit frère devant les dialogues de Spiderman.
Après de longues investigations dans sa chambre d'hôtel on retrouve un bgbd au milieu d'une forêt pas loin de la résidence du père de tous les adolescents orphelins, se demandant ce qu'il fout là et ce qu'il dira si jamais il y a confrontation.
Il fait les 99 pas, se demandant si finalement c'est une si bonne chose de vouloir connaître celui qui vous a sauvé, comme on sauve quelqu'un en attente d'un (attrape) coeur.
Il s'en va au loin, on sait pas très bien où, si c'est vers son van ou vers Salinger, avec cette ultime phrase "are you happy mister salinger?" qui se répète, comme si le bonheur de nos écrivains étaient la seule chose qui nous importait.
Au final, un film triste comme la life qui -entre deux répliques de publicitaires comme seul sait en faire BgBD- remet sur la table le vieux fantasme poussiéreux de la rencontre lecteur-écrivain impossible et obsédante.
2 commentaires:
Les informés sont aussi ceux qui écoutent france inter le matin et qui ont écouté Beigbeder en parler, de ce film. Ca m'a donné trèèès envie de le voir mais je n'ai que les chaines du peuple moi.
Bonne idée en tout cas... Je n'ai pas lu la fin de ta chronique pour ne pas me gâcher la fin (!)...
C'est sur YouTube ?
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