lundi 6 octobre 2008

Sous les manteaux, les corps.



J'ai conscience du succès de Christophe Honoré, j'ai conscience du succès de Louis Garrell, ça me brouille un peu la vue quand je regarde un film d'Honoré mais je sais que j'aime ça, "Dans paris" était un peu un chef-d'oeuvre, La Belle Personne est presque irréprochable.
En fait ce qui me gêne c'est ce sentiment d'exclusion qu'on peut ressentir en voyant ses films, il y a une bulle filmique avec des personnages divins et inaccessibles comme des gâteaux dans une vitrine, et Christophe essaye de nous faire passer ça pour une réalité, une réalité mieux que la nôtre mais qui pour quelqu'un dans le monde (plutôt dans Paris en fait) devrait exister, quelqu'un vit comme ça, vit comme dans les films d'Honoré, et autant de belles personnes réunies dans une salle de classe devrait être pris pour le fruit du hasard, ce n'est plus tout à fait "Entre les murs".
Christophe, lui, pense d'abord à sa gueule et à ce qu'il a envie de filmer et qui il a envie de diriger pendant des semaines, je me souviens avoir lu une interview de lui dans Transfuge, il disait comme quoi les adolescents d'aujourd'hui étaient extrêmement beaux, tu parles, si tu choisis d'exclure du mot "adolescents" les millions d'autres jeunes qui ne sont pas dans ton film, c'est sûr qu'ils sont tous très beaux ces braves gens.
Alors oui je dis irréprochable parce que le film hypnotise complètement le spectateur, on ne voit pas le temps passer, totalement charmé (au sens magique) par la vie améliorée des personnages. On en sort bien évidemment conquis mais frustré par cette vie qui est la nôtre et qui doit reprendre, car on ne peut s'empêcher d'établir des comparaisons entre un tel film et une telle vie alors qu'on sait très bien que c'est stupide, qu'un film n'est pas une vie même s'il s'en inspire tout en profitant de l'occasion pour mettre des ellipses là où c'est un peu moins intéréssant, le film trahit la vie, il lui dit "je vais vanter tes mérites" et finit par divaguer.
Parfois le contraire arrive, c'est à dire que la vie retient quelque chose du film mais "La Belle Personne" place la barre beaucoup trop haut pour qu'on ait l'idée de calquer quoi que ce soit du film, tout n'est beaucoup trop qu'une question de chance : le physique et la classe sociale des personnages, ce sont des choses difficiles à reproduire. Tout y est idéal, même les rapports qu'ont les élèves d'une même classe : les histoires s'entrecroisent et se percutent, on sort avec son voisin de table ou son professeur d'italien qui ne fait pas vraiment cours et tout le monde se comporte en adulte, alors que dans notre classe à nous certains ne connaissent même pas notre prénom.
Concernant la beauté des personnages, il ne s'agit même pas de "charme", le charme dissimulé d'un personnage qui finit par vous convaincre tout le long du film, non ici c'est la beauté, la vraie, la consensuelle, tellement de beauté qu'elle ne surprend plus personne dans le film, les belles personnes sont des personnes comme les autres, laissez les vivre en paix. Ajouter à ça les besaces Freitag, les sapes Apc et les fournitures Muji et "Day is done" de Nick Drake en guise de thème principal. Merde Nick Drake, il nous le pique aussi, on ne pourra même plus pleurer sur nos vies en écoutant de la folk de suicidé.





Pendant le film une meuf a gueulé extrêmement fort "VOUS ALLEZ FERMER VOS GUEULES DERRIERE, MERDE A LA FIN" s'adressant à un groupe de trois minettes certainement venue pour "Looooouuuiiiss". Finalement la réalité n'est pas si triste.

1 commentaire:

ah ah ! a dit…

Tu m'as encore donné envie d'aller voir le sujet de ta chronique en vrai. Trop forte.

Les Occupés sont