jeudi 1 novembre 2007

Ca s’appellera "ode à Murielle" ou "manière particulière de lui rendre hommage en imitant son inimitable style" (je ne sais pas encore)

La première fois que j’ai ouvert les yeux aujourd’hui j’étais dans la chambre d’Alice et ma gorge me grattait tellement que j’étais persuadée que j’allais mourir. J’ai pensé me lever pour boire de l’eau dans la salle de bain mais j’entendais la porte des toilettes qui s’activait et je n’avais pas envie de me retrouver nez à nez avec son papa ou sa maman alors que j’étais en tee-shirt Nirvana-culotte. Du coup j’ai choisi de mourir en silence et j’ai enfin compris le sens du stoïcisme. Après quelques minutes de souffrance j’y pensais beaucoup moins et comme je n’étais objectivement pas morte j’ai dû admettre que j’avais moins mal. J’ai décidé de me rendormir mais je n’y suis pas arrivé parce que je faisais des calculs de positions de corps compliqués comme lorsque je m’étais réveillée à 2h51 la nuit d’un mardi en regardant le réveil et en me demandant ce que signifiaient ces trois chiffres, si je devais me lever, etc. Ensuite j’ai vraiment dû m’endormir puisque je ne me souviens de rien. Enfin, et j’en suis sûre, j’ai ouvert les yeux et j’ai su qu’il faisait jour, pire, que le jour était bien entamé. J’aurais pu effectuer un tour sur moi-même à 90° (consulter Alice pour les incohérences arithmétiques) et rencontrer l’approbation de son réveil vert et orange mais je n’avais pas envie de casser la mollesse d’un corps qui aurait pu mieux dormir et qui le faisait comprendre. J’ai rencontré le regard d’Alice comme à chaque fois que je me réveille chez elle le matin et avant de prononcer le premier mot on a attendu un petit peu, le temps de faire des frayeurs à l’autre en feignant un nouvel endormissement. J’ai dit un mot insignifiant de ma voix rauque et malade et je crois même qu’elle m’a demandé de répéter. Après quelques minutes, j’ai enfilé mon jean en restant allongée, un peu comme dans les pubs je crois, mais je ne saurais pas vraiment dire pourquoi. J’ai écarté le duvet bleu et blanc dans lequel j’étais enroulée et je me suis mise debout, j’ai fait prudemment quelques pas puis j’ai ouvert la porte d’entrée de sa chambre et je suis sortie. Dans la salle de bains j’ai compris qu’aujourd’hui était un jour B, un jour où mes cheveux sont plats et mon visage complètement disgracieux. Je reprends un peu plus tard dans la matinée, après avoir brunché grâce à Alice et à sa gentille maman. On a regardé La Discrète de Christian Vincent avec un Fabrice Luchini qui est décidemment trop excellent. Je crois qu’on était contentes toutes les deux parce qu’en peu de temps on avait vu deux films agréables : La Discrète et Ghost World. Alice a pris sa douche puis j’ai pris la mienne à l’eau bouillante parce que je n’ai jamais compris comment marchait sa douche et qu’elle a décidé de ne jamais me l’expliquer (sauf à l’arrêt de bus, finalement). Après avoir décidé de sortir, on a fait semblant de se demander où on pourrait aller : c’était notre manière à nous de mettre un peu de piment dans la journée alors qu’au fond on savait pertinemment qu’on allait finir à Saint Michel et au Luxembourg. Devant l’arrêt de bus, donc, il y avait une fille horrible qui téléphonait à son amie avec qui elle devait prendre le thé à 16 heures : elle avait un corps maigre subi, des collants bleus, des bottes marron, une doudoune noire longue, les cheveux rassemblés en queue de cheval et collés à tel point sur son crâne que sa vie devait sûrement en dépendre et surtout un sac à dos quechua noir et vert qui cassait définitivement toute tentative (vaine à la base de toute façon) d’être élégante. Une vieille dame a agressé Alice en lui disant que c’était mieux il y a quarante ans ; sur le coup je n’ai pas bien compris et j’ai fait comme si je m’en fichais alors que ça m’intéressait beaucoup. Arrivées au Luxembourg j’ai aperçu une fille blonde et un peu ronde que j’avais rencontrée dans la seule colonie que j’ai faite et j’ai trouvé la coïncidence marrante parce qu’Emilie m’avait filé il y a quelques semaines son skyblog dans lequel il y avait un article sur nous alors qu’on ne connaissait même pas son prénom. Il était environ 16 heures, on s’est trouvées assises dans le café du Luxembourg, dans la partie fumeurs alors que nous n’aimons pas particulièrement côtoyer la fumée des autres. On a peut-être parlé de Murielle et je ne dis pas ça parce que j’écris dans les occupés mais parce qu’on a peut-être réellement parlé d’elle ou qu’en tout cas ce n’est pas improbable. Alice a un peu parlé d’Adrian, son ami alsacien maladroit mais qui a quand même l’air gentil. Je me souviens d’avoir maudit Antoine parce qu’il habite rue Soufflot et qu’il n’en profite pas (même si ensuite on a convenu que c’est sans doute parce qu’on y habitait pas qu’on arrivait à en profiter). On a commandé deux cafés et deux verres d’eau mais le garçon n’a servi les verres d’eau qu’après les cafés parce qu’il était « trop chargé » et que comme nous sommes jeunes et naïves, on se fait toujours avoir au profit des gens plus âgés. A ma droite et à la gauche d’Alice était assis un couple de jeunes silencieux. Le garçon a sorti une cigarette et l’a fumée, suivi de près par sa copine qui m’envoyait toute sa fumée dans le visage alors que justement je n’aime pas ça et que même si elle ne peut pas le savoir, elle pourrait faire attention. Du coup j’ai orienté la carte des glaces de manière à ce qu’elle dévie sur Alice la fumée, ce qui a provoqué un sourire chez elle. J’ai rapidement sorti mon porte-monnaie parce que j’étais contente d’avoir exactement 2€50 et Alice m’a demandé si j’avais 6 centimes : je lui en ai donné 10 et quand elle a voulu m’en rendre 4 j’ai conclu qu’elle pouvait les garder. On a continué à parler sur un ton apaisé et détendu, comme le font deux amis qui passent un énième moment ensemble et qui l’apprécient. En sortant du café on a marché dans la même direction pour prendre un bus différent, Alice m’a soudainement dit « a+ », j’ai répondu « ciao » et je me suis immobilisée devant l’arrêt, j’avais un peu froid. J’ai oublié qu’Alice pouvait me voir et quand j’ai réalisé qu’elle m’observait à moitié j’ai eu l’impression d’avoir été violée dans mon intimité.

3 commentaires:

Murielle Joudet a dit…

j'ai tout lu (je dis ça parce que la taille aurait du m'en dissuader) et c'était canon.

effrontée a dit…

canon, comme juju

Anonyme a dit…

canu, comme jujon

Les Occupés sont