mardi 6 novembre 2007

Le journalisme participatif ou l'art de lâchez tes comm'



Avec l'émergence des nouveaux médias sur le net l'information s'écrit dorénavant à deux mains : celle du journaliste et celle du lecteur, qui le plus souvent vient tout parasiter en ayant une trop haute opinion de sa part du gros gâteau qu'est la démocratie.

Je lis beaucoup d'articles sur le net, notamment sur Ecrans.fr, Rue89, Fluctuat et tous ces sites super souvent mis à jour que je consulte d'un clic sur ma page Netvibes trop perso, et je dois dire que ça m'a toujours fait très chier ce nouveau concept qui vise à faire participer le lecteur -toujours un peu hypocritement- en lui faisant croire que son avis est trop-maxi-important voire essentiel.
OK pour faire en sorte qu'il puisse y laisser un commentaire même si le plus souvent ça se résume à un truc du genre "Bouh l'Arche de Zoé, vilain vilain" plus un lien vers son blog avec une signature du genre "Azerty, agitateur d'idées".
Pas OK pour en faire plus, comme Rue89 qui veut en gros te donner l'impression que tu es au même niveau que les journalistes.
Vu sur leur site : "Vous êtes les meilleurs témoins de votre actualité. Envoyez-nous vos informations et vos liens préférés. Contactez-nous pour proposer articles, photos et vidéos..."

Ce genre d'annonce attire n'importe quel crétin de citoyinternaute bienveillant et toujours partant pour un gros débat bien gras comme à la télé. Tu peux le tester sur ce que tu veux il te sortira ses petites phrases chippées dans "C dans l'air" et "Ce soir (ou jamais!) mixées avec quelques relents de pensées à lui et s'improvisera sociologue en alternance avec historien.
Condamné à se faire entendre par le biais de moyens plutôt précaires et étriqués que sont la webcam, les commentaires, les SMS, les votes et autres sondages, qui se trouveront symboliquement en bas de l'article rédigé par le VRAI journaliste.
L'illusion d'avoir sa place parmi ceux qui ont fait des études pour en arriver là, comme si notre récompense -faute de rémunération- serait un débat interminable le temps de toute une nuit passée à actualiser la page.

C'est finalement un peu toujours la même chose, le chaos participatif, Wikipédia (cf un peu en dessous), la vision de notre bulletin dans l'urne, le piéton responsable, cette petite vie Nutella trop jolie où chacun à pu dire ce qu'il voulait avec ce qu'il faut de "je pense que..."et tout ce ramassis de belles conneries nourrissantes bleu blanc rouge.

Perso ça me donne juste envie d'arrêter de parler et d'essayer d'avoir une opinion sur tout.
Il ne faut pas sous-estimer l'étendue de notre monde mais plutôt comprendre qu'il est aussi complexe que l'intérieur d'un I-pod et que donc on n'est surtout pas obligé de tout saisir, de tout comprendre et de tout critiquer.
Viendra un temps où le dépérissement bête et méchant devant la quotidienne de la Star Academy sera prescrit par les médecins.


A lire : De l'art de dire des conneries de Harry G. Frankfurt

2 commentaires:

effrontée a dit…

c'est junk tout ce journalisme gratuit
les mecs savent même pas parler français, je vais leur envoyer mon article sur la ponctuation moi, c'est pas sérieux
enfin cela dit quand on voit ce qu'il y a dans le payant
en fait je crois qu'il faut faire la révolution, voilà.

Pierre a dit…

Tout à fait d'accord, à force de vouloir donner notre opinion sur tout, on oublie de laisser parler les gens qui s'y connaissent.
Et puis franchement, l'opinion de ma concierge sur la guerre en Irak, j'en ai rien à taper moi.

Les Occupés sont