mardi 9 septembre 2008

Be happy de Mike Leigh


C'est Poppy, un nom qui sonne rigolo pour une nana tout droit sortie d'un clip de Mika, le string orange et le soutien-gorge fuschia avec toujours des tas de trucs qui font gling gling glong sur les poignées et sa petite bande de copines fluokids. La bande-annonce nous promettait un personnage haut en couleur qui voit en toute occasion la vie du bon côté, une sorte de remède au pessimisme ambiant des anglais (le réalisateur a dû prévoir qu'il en était de même en France et dans le reste du monde) qui allait dès la sortie de la salle nous contaminer, on verrait alors d'un autre oeil les crottes de chien et les cimetières. (ça me fait penser à ce moment dans La belle au bois de Walt Disney où les trois fées transforment tout les obstacles qui empêchent le prince d'accéder à la tour où se trouve Aurore, les flèches deviennent des bulles, l'eau chaude qu'on lui envoit se déverse sur un arc-en-ciel, pitié que ce passage évoque quelque chose à quelqu'un)

Au début on redoute un peu le film consensuel qui prendrait la difficile relève de film comme Little Miss Sunshine ou encore Juno
il y avait dans ces deux films cette douce folie qui animait chacun des personnages, une folie rassurante : les personnages avaient tous quelque chose de bien à eux tout en restant profondément normaux, il fallait que ça reste cinégénique et que personne n'en soit effrayé. On s'identifiait très facilement et on avait l'impression qu'on était les seuls à les comprendre. Les situations étaient cocasses (oh le bus qui part sans la petite!) on riait beaucoup. C'est par des procédés aussi douteux et démagogiques qu'on réussit tant bien que mal à mettre tout un public d'accord.

Be Happy, malgré sa petite affiche fluokikoolol tente à chaque seconde d'échapper au consentement du spectateur avec des scènes bizarres et sans rapport les unes avec les autres, comme par exemple lors d'une longue scène où Poppy rencontre un clochard qui bredouille sans cesse la même phrase, ça dure bien 10 minutes, on ne comprend pas bien, il fait nuit, on se calfeutre dans son siège.
L'immense point fort du film reste quand même la très belle actrice, cette nana joue si bien que j'aurai du mal à croire qu'elle soit différente de son personnage dans la vraie vie, cette fille qu'on juge un peu simplette mais qui au final nous fait tous la nique parce qu'ayant réussi à vieillir sans rien perdre de sa capacité à s'émerveiller d'un rien, excellant dans le dur exercice qui consiste à faire le bien autour d'elle (de ses élèves de maternelle en passant par son prof de conduite), le film se détourne vite de l'optimisme dépaysant de Poppy pour esquisser l'ébauche un peu bancale d'un film social (sans domicile, enfant battu, racisme)

On peut aller voir ce film entre copines célibataires, il y a de quoi remonter temporairement le moral de celles qui n'arrivent toujours pas à se détacher de l'obsession d'acquérir le menu mari/foyer/enfant. J'ajouterai que c'est assez bien foutu, le réalisateur se plaisant à filmer le contraste Poppy/gris de la ville, c'est aussi blindé de couleurs qu'un tube de Smarties, et les fringues de Poppy sont à tomber. Une sorte de Carrie Bradshaw sans les moyens et beaucoup moins antipathique.

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