samedi 6 septembre 2008

Le Silence de Lorna



C'est Cécilia qui après les cours m'a demandé si je voulais aller le voir avec elle, on avait nous deux nos Pariscope dans nos sacs et elle m'a demandé "plutôt le soir? toi tu préfères le soir?" j'ai dit oui, j'avais l'impression que j'avais le temps pour une petite sieste avant la séance parce que l'année dernière je finissais à midi tous les vendredis et puis quand je suis sortie du dernier cours de la journée ça m'a étonnée qu'il soit 16 heures, si tard. Je suis rentrée chez moi, j'ai mangé un plat de frites, puis j'ai écouté John McCain parler sur LCI, McCain comme les frites, la coincidence de malade. Ensuite je me suis disputée avec ma mère et j'ai bu une tasse de café parce que je commençais à avoir sommeil, j'ai confirmé silencieusement le rendez-vous par SMS et on peut dire que c'était parti.

Dès le début on sent que l'histoire est un peu compliquée, qu'il va falloir ne pas faire l'impasse sur la lecture de tous les sous-titres, plusieurs histoires compliquées s'entrecroisent et se complètent, on en recueille des éléments et on finit par comprendre l'ensemble. Il y a Lorna qui se marie avec un camé (Jérémie Rainier qui m'a toujours fait l'effet d'un fils caché de Claude François), le corps sec est bronzé comme un nugget, il écoute Ghinzu sur son lecteur cd, demande "10 euros, pour les cigarettes" à Lorna qui garde et contrôle son argent à lui dans une enveloppe kraft, il est plein de bonne volonté, il veut faire la cuisine, arrêter la drogue "prends la clé avec toi, si je sors et que je vois les gens je vais retombé", s'achète un vélo pour 50 euros "je vais pédaler toute la journée, vers midi je peux venir te saluer? ça me fera un but dans la journée", tentant d'accomplir des activités qui collées les unes aux autres formeraient une idée du bonheur. Il n'arrête pas d'appeler Lorna, il a besoin d'elle, de ses mains il lui menotte les poignées, de ses bras il lui bloque les jambes, toujours en train de la tirer/l'attirer vers le bas, comme tout les hommes qu'elle croisera, sauf que lui il est pur et vulnérable, un peu sonné par la tristesse.
Elle, elle porte une doudoune cirée Esprit avec des hauts bizarres et moulants et un jean rouge "pattes d'éléphant" comme on disait en primaire, j'ai un peu le même qu'elle mais en velours côtelé, une coquetterie d'un autre temps, agréable à déchiffrer. Le soir elle tape silencieusement un SMS assise au bord de son lit un peu comme moi quand je réponds à Cécilia, et le bruit des touches nous berce, elle a deux grosses cuisses pleines d'eau et des seins comme des piqûres de moustiques, son petit sac bien calé sous le bras, elle donne vie et lumière à tout les objets qu'elle approche : le sandwich qu'elle mange, le sac qu'elle remplit de CD, la tasse bleue qu'elle porte a ses lèvres avec la cuillère qui gêne un peu le nez. Le choix de la caméra est tel qu'on en devine la lourdeur des corps et la texture des peaux.
A la fin Lorna échappe à la totalité du monde, elle n'a plus d'obligations, plus d'état civil, on ne sait pas très bien si elle est enceinte, elle a souffert comme une femme mais sa solitude est celle d'un homme, entre les arbres. Son histoire est plus importante que la nôtre. De la civilisation elle n'en garde qu'une autre doudoune cirée avec une moumoute sur le col, elle s'allonge sur un banc dans une cabane et laisse danser les flammes du poêle sur son visage. On entend trois quatre notes de piano, la seule musique que les réalisateurs s'autorisent, comme une faiblesse. Puis après c'est la fin, on sort en queuleuleu en se tenant les portes et en susurrant des "merci". Pendant une scène plus ou moins violente dans la salle une femme s'est levée et a commencé a parler toute seule, elle est restée peut-être 10 minutes debout devant l'écran. On a flippé, on était pas habitué.

3 commentaires:

jeunécrivain a dit…

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jeunécrivain a dit…

Murielle est un demon

jeunécrivain a dit…

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