vendredi 12 septembre 2008

La possibilité d'une île de Michel Houellebecq



Ce blog avait été assez vieux pour faire une critique du livre de Michel Houellebecq, "La Possibilité d'une île", un livre que j'avais lu avec la crainte de ne pas y retrouver la perle incrustée dans les précédents, un livre qui m'avait énormément plu et qui avait comme principal souci de changer la recette initiale, l'ambition de prendre le parti du roman d'anticipation.
Des articles dans différents magazines prouvaient bien qu'il y avait tournage, on a d'abord su qui serait l'acteur qui incarnerait Daniel1/Daniel25 puis la rumeur un peu moins vraie d'une bande originale composée par Iggy Pop, puis Première avait lâché un de ces journalistes sur le lieu du tournage, l'article témoignait d'un réalisateur taciturne, peu enclin à faire la promo d'un film inabouti mais ouvrant volontiers un blog officiel pour l'occasion.
1 an plus tard les affiches sont accrochées, ici et là des interview fleuve de Michel comme l'unique façon de faire parler cet écrivain assez bien placé au-dessus du reste. Et puis déjà les titres "la possibilité d'un bide", des trucs dans le genre, les critiques en sont fiers, jamais un film ne leur aura offert un si grand choix de calembours, une belle brochette de bouffons.

C'est donc un pain aux raisins dans le sac pour pas me faire choper par les employés de l'UGC que je m'en vais voir un mercredi après-midi "la Possibilité d'une île", film réalisé par un certain Michel Houellebecq me dit-on dans l'oreillette.

Le film, brièvement

D'un côté l'ambition d'un écrivain borné qui après le très allemand et moyen "Particules Elementaires" et le sans faute d'"Extension du domaine de la lutte" ne veut plus voir devant la caméra d'un étranger se dérouler ses propres romans. De l'autre côté, ce petit film d'1h25 timide et décousu qui aurait tout aussi bien pu tenir sur trois heures tellement les thèmes du livre était variés, presque infinis, on aurait alors pu assister, si cela avait été bien fait, au déploiement d'un film total et générationnel, ce à quoi aspire l'oeuvre littéraire de l'écrivain. L'effort colossal d'imagination et de recherche mis en oeuvre dans le roman, pensais-je, se serait traduit dans le film par des moyens financiers tout aussi colossaux.

Le résultat est qu'il y en a pas, jamais un film n'avait été aussi vide de sens, vide de tout, tellement vide que cela en devient apaisant. Ca dépasse de loin l'idée d'un film expérimental, d'un film ovni, ça dépasse aussi l'entendement. C'est douloureux à dire mais il n'y a strictement rien à faire, rien à extraire de ce film, et s'il fallait obligatoirement en garder quelque chose on retiendra une scène de concours de bikini ou une actrice africaine plongée dans la torpeur au milieu du désert.
Dites vous bien que je dis ça avec l'idée d'épargner le plus possible Michel Houellebecq, que je parle (toujours) à travers le prisme de l'admiration, tentant comme je peux de lui trouver des circonstances atténuantes, une gastro un peu trop tenace pendant le tournage, je ne sais pas moi, il doit bien avoir une raison.

2 commentaires:

Unknown a dit…

j'hésitais à aller voir le film
je sais toujours pas si j dois y aller

Mais j'ai peur de rater une partie de l'oeuvre sans le film.

** dillemme cornélien **

Murielle Joudet a dit…

objectivement tu rates une partie de l'oeuvre de Houellebecq, ça c'est sûr. Mais je crois que c'est presque impossible d'aimer ce film, à moins d'être un fan transi et hypocrite.
Mais les fans de Michel sont forcément des personnes bien sous tout rapport. :-)

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